Comment la France a orchestré la disparition de ses médecins : La crise sanitaire à venir
La pénurie de médecins en France n'est pas le fruit du hasard, mais une crise organisée qui remonte aux années 70.
L’histoire d’une pénurie organisée
La crise médicale que traverse la France n’est pas un phénomène récent, mais bien un problème en gestation depuis des décennies. L’une des principales raisons de la pénurie actuelle de médecins réside dans des choix politiques stratégiques, principalement autour de la mise en place du numerus clausus. Depuis 1972, l’accès à la profession médicale a été délibérément restreint, et cette politique a eu un impact majeur sur le nombre de médecins formés en France. Alors que le pays fait face à une population vieillissante et une explosion des besoins de soins, cette politique a entraîné un déséquilibre flagrant.
Mai 68 : Le début d’un changement profond dans le système médical
L’agitation sociale de Mai 68 a bouleversé bien plus que les universités françaises. À la faculté de médecine de la Sorbonne, les étudiants ont contesté l’élitisme et la hiérarchie du corps médical. À l’époque, l’élite des professeurs de médecine, surnommée les « mandarins », exerçait une influence décisive sur les carrières des futurs médecins. Les réformes de l’époque ont ouvert la profession à des étudiants issus de milieux sociaux plus modestes, ce qui a provoqué une réaction violente de la part des professeurs, inquiets de perdre leur contrôle sur l’accès à la profession.
Le numerus clausus : un système de sélection impitoyable
Face à l’augmentation du nombre d’étudiants en médecine, les mandarins ont vu leur pouvoir menacé. En réponse, un syndicat médical puissant a poussé le gouvernement à instaurer un numerus clausus, limitant ainsi le nombre de places dans les facultés de médecine. Cette politique, présentée comme une réponse à la surcharge des hôpitaux, visait à réduire le nombre de médecins formés. En 1993, le nombre de places était réduit à son plus bas niveau, formant seulement deux médecins pour chaque dizaine formée en 1971. Ce raisonnement économique a permis à l’État de réaliser des économies sur les dépenses de santé, mais au détriment de l’accès aux soins.
Les conséquences d’une formation médicale insuffisante
Avec moins de médecins formés, la charge de travail dans les hôpitaux a explosé, surtout pour les internes qui ont dû pallier le manque de personnel tout en étant rémunérés bien en deçà du SMIC. Les mobilisations se sont intensifiées dans les années 90, avec des médecins étrangers appelant à une reconnaissance de leur statut. Toutefois, le système n’a pas été suffisamment réformé, et bien que des révisions aient été entreprises depuis 2020, le problème de fond reste irrésolu : la répartition des médecins sur le territoire.
La répartition géographique : un autre défi majeur
Le problème de la pénurie médicale est aggravé par la mauvaise répartition des médecins à travers la France. Certaines régions, notamment urbaines, sont largement pourvues, tandis que d’autres, souvent rurales, souffrent d’une pénurie criante. Le conventionnement sélectif est une solution qui a été mise en avant par certains experts pour encourager les médecins à s’installer dans les zones sous-dotées. Ce système consiste à limiter les remboursements des consultations dans les zones déjà surchargées, incitant ainsi les médecins à s’installer dans des régions moins attractives.
La solution allemande : un modèle à suivre ?
L’Allemagne a adopté une approche différente en 1993, en fixant des seuils de densité médicale pour chaque zone, afin de mieux répartir les médecins. Ce modèle, qui prend en compte des critères démographiques et géographiques, a permis d’améliorer la répartition des médecins de manière significative. Si la France souhaite résoudre sa crise médicale, elle pourrait s’inspirer de ce modèle de régulation, afin de rétablir un équilibre entre les zones saturées et les zones sous-dotées.
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Conclusion : Un avenir incertain pour le système de santé français
La France se trouve à un tournant décisif. Bien que le pays ait déjà amorcé certaines réformes, il faudra encore plusieurs années avant de voir des résultats tangibles. La question de la répartition des médecins reste l’un des enjeux majeurs à résoudre. Sans une réforme en profondeur de l’organisation de la profession, la crise de la santé risque de perdurer, affectant ainsi la qualité des soins pour les citoyens. Le système de santé français a un besoin urgent d’évoluer pour faire face à la pénurie de médecins, une situation qui semble s’aggraver chaque année.
