Comment le Vol des Pièces de Monnaie en Afrique Alimente l’Industrie des Bijoux en Chine

1. Une pénurie monétaire sans précédent en Afrique centrale

En Afrique centrale, notamment au Cameroun et dans les pays de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), la pénurie de pièces de monnaie est devenue un problème chronique. Cette situation rend difficile les transactions quotidiennes, que ce soit dans les marchés, les supermarchés ou autres commerces.

Cette crise monétaire est aggravée par un trafic organisé : des réseaux récupèrent massivement les pièces, les exportent en Chine, où elles sont fondues et transformées en bijoux. Ces pièces contiennent des matériaux prisés par l’industrie de la bijouterie, offrant une valeur bien supérieure à leur usage monétaire initial.

2. Un commerce lucratif, mais destructeur pour l’économie locale

Le processus est simple mais efficace : les trafiquants collectent les pièces, paient leur transport vers la Chine, et les transforment en produits de grande valeur. La rentabilité de ce trafic réside dans les matériaux précieux contenus dans certaines pièces.

Cette activité illégale provoque des impacts multiples :

• Frein à la consommation locale : Les commerçants peinent à rendre la monnaie, ce qui dissuade les clients de faire leurs achats.
• Manque à gagner pour les commerçants : Chaque transaction avortée contribue à ralentir l’économie.
• Enrichissement des réseaux illégaux : Les fonds générés par ce trafic n’enrichissent pas les économies locales, mais alimentent des circuits illégaux internationaux.

3. La réponse de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC)

Face à cette crise, la BEAC a pris des mesures inédites :

• Distribution massive de nouvelles pièces : Près de 150 millions de pièces ont été mises en circulation pour tenter de pallier la pénurie. Cependant, les opérateurs économiques habilités à récupérer ces pièces ne jouent pas toujours le jeu, laissant des stocks inutilisés.
• Création d’une nouvelle gamme de pièces : À partir de 2025, des pièces dépourvues des matériaux prisés par l’industrie de la bijouterie seront mises en circulation. Cette solution vise à rendre les pièces inutiles pour les trafiquants, et donc à couper la demande à la source.

4. Les défis restants : sécurisation et gestion des stocks existants

Deux grandes questions demeurent :

1. Comment sécuriser la distribution des nouvelles pièces ?
   Les commerçants habilités à récupérer les pièces pourraient être tentés de les détourner à des fins lucratives, alimentant ainsi le trafic qu’ils sont censés combattre. Une solution pourrait être la mise en place d’un suivi rigoureux et d’un plafonnement des quantités distribuées.
2. Que faire des anciennes pièces encore en circulation ?
   Ces pièces, encore convoitées par les trafiquants, pourraient continuer d’alimenter le marché noir. Une stratégie de récupération ou de retrait progressif semble indispensable pour éviter que le problème ne perdure.

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Le trafic des pièces de monnaie illustre un défi complexe mêlant criminalité économique et failles dans le système monétaire. Si les mesures de la BEAC semblent prometteuses, leur succès dépendra de leur mise en œuvre rigoureuse et d’un suivi à long terme.

Cette crise soulève une question plus large sur la gestion des ressources en Afrique et la lutte contre leur exploitation abusive par des intérêts étrangers. La sécurisation des économies locales reste une priorité pour garantir une croissance durable et équitable dans la région.