Les hommes sont-ils devenus obsolètes ? Une analyse critique du déclin du rôle masculin dans la société moderne
Le progrès technique, la féminisation des valeurs sociales et l'effondrement des repères masculins dessinent une société où l'homme semble perdre sa place historique.

Pendant des millénaires, la force physique a été le principal atout des hommes. Chasse, guerre, construction : autant de domaines où la masculinité s’exprimait pleinement. Mais dans notre société post-industrielle, la valeur de cette force s’effondre.
Aujourd’hui, ce sont les métiers de bureau, le tertiaire, qui dominent. Les ouvriers cèdent leur place aux employés, les machines remplacent les bras. En 2014, on comptait moins d’un million d’actifs dans l’agriculture, contre deux millions en 1980. Les robots et la technologie ont mis fin à l’utilité historique de l’homme dans les sphères productives.
L’homme mis à l’écart du foyer et de la reproduction
Avec la montée de l’égalité salariale et la diffusion de la contraception, les femmes ont gagné en autonomie. La procréation médicalement assistée permet même aux femmes seules ou en couple d’avoir des enfants sans partenaire masculin. L’homme n’est plus un pilier du foyer.
Les chiffres sont parlants : 76 % des enfants restent chez la mère après un divorce, contre seulement 9 % pour les pères. Le rôle paternel s’amenuise, au point que près de 18 % des enfants issus de séparations ne revoient jamais leur père.
Un système scolaire féminisé, inadapté aux garçons
L’école est un autre terrain de déclassement. Les garçons sont désormais les grands perdants du système éducatif. Selon les tests PISA, ils accusent un retard moyen de 8 mois en compréhension de l’écrit. La réussite scolaire, hier masculine, est devenue féminine.
Pourquoi ? Parce que l’école valorise l’assiduité, la patience, la verbalisation – des qualités plus souvent associées aux filles. Les garçons, plus impulsifs, plus remuants, sont pénalisés. Le système éducatif s’est « féminisé », rendant l’apprentissage plus difficile pour les profils masculins.
Le monde du travail : un espace de plus en plus hostile aux hommes
Le travail est historiquement le socle de l’identité masculine. Mais là encore, l’effondrement est notable. De plus en plus d’hommes se désengagent du monde professionnel. En France, le taux d’inactivité des 25-54 ans a doublé entre 1968 et 2016.
Selon l’économiste Nicholas Eberstadt, ces hommes inactifs ne se consacrent pas à la famille ou à la communauté, mais à des activités passives : télévision, jeux vidéo, soins personnels. Le désœuvrement masculin devient un phénomène de société.
Un mariage en crise, une virilité en perte de sens
Le déclin du mariage accompagne cette marginalisation. Il n’est plus un pilier pour structurer la société. Moins de mariages, plus de divorces : l’homme est de moins en moins essentiel au sein du couple.
La virilité, autrefois valorisée, est désormais suspecte. On parle de « masculinité toxique », on exige sa « déconstruction ». Pourtant, la virilité structurée, maîtrisée, était aussi un moyen de canaliser les instincts et de bâtir des civilisations. La supprimer ne supprime pas la barbarie : elle l’abandonne à elle-même.
Les inégalités masquées par l’idéologie féministe dominante
La société contemporaine semble obsédée par la promotion de la femme. Et c’est une avancée historique bienvenue. Mais, paradoxalement, cela se fait au détriment d’une attention portée aux souffrances masculines.
Échec scolaire, isolement familial, suicide (nettement plus fréquent chez les hommes), désengagement professionnel… Autant de symptômes d’une société qui a oublié de penser l’homme. Et surtout : qui refuse de reconnaître la spécificité naturelle des sexes.
Approche naturaliste vs idéologie culturaliste
À l’origine de cette impasse, une opposition majeure : naturalisme contre culturalisme. Pour les tenants du culturalisme, tout comportement est le fruit de la culture. Pour les naturalistes comme Laetitia Strauch-Bonart, il existe des différences biologiques, hormonales, cognitives, entre hommes et femmes.
Ces différences n’assignent pas à un destin figé. Elles permettent simplement de mieux comprendre les comportements différenciés, pour ajuster nos politiques éducatives, professionnelles et sociales en conséquence.
Vers une nouvelle complémentarité entre hommes et femmes ?
Le déclassement masculin n’est pas une fatalité. Mais il suppose une prise de conscience. Il faut cesser de vouloir nier les différences, et au contraire les reconnaître pour mieux les articuler.
La solution n’est pas dans une guerre des sexes, ni dans une société totalement féminisée. Elle réside dans la complémentarité. Une société juste doit offrir une place digne aux hommes comme aux femmes, en tenant compte de leur réalité biologique autant que de leurs aspirations.
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Les hommes ne servent plus à rien ? Le titre est volontairement provocateur, mais il traduit un malaise réel. La société a changé trop vite pour que l’identité masculine ait le temps de se redéfinir. Le modèle de l’homme protecteur, fort, nécessaire, est fragilisé. Pourtant, une société sans hommes engagés, responsables, structurants, est une société en déséquilibre.
Plutôt que de célébrer l’émancipation des femmes comme une revanche, il est temps de bâtir un nouveau pacte entre les sexes, fondé sur la compréhension, la reconnaissance mutuelle et l’équilibre.
Ce n’est pas en effaçant les hommes que l’on fera progresser l’humanité.