La boxe française : un art martial oublié à l’origine du MMA européen ?
Entre tradition, esthétique et autodéfense, la savate française pourrait bien être l’ancêtre européen méconnu du combat libre moderne

Trop souvent délaissés au profit des arts martiaux asiatiques comme le karaté, le judo ou le kung-fu, les arts martiaux français constituent pourtant une part riche du patrimoine européen. Parmi eux : la savate boxe française, la canne de combat, l’escrime à l’épée, ou encore la lutte et le bâton.
Bien qu’efficace, esthétique et fondée sur des valeurs de respect, la boxe française reste méconnue du grand public, peu représentée dans les médias ou les jeux vidéo. Pourtant, elle constitue l’une des plus vieilles formes européennes de combat pieds-poings codifié.
Les origines de la savate et de la canne de combat
La savate, souvent réduite à une vieille chaussure, est en fait un art martial né au XIXe siècle, mélange de boxe anglaise et de chausson marseillais. Ce dernier était à l’origine un jeu populaire dans le Sud-Est de la France, où l’on tentait de toucher l’adversaire avec les pieds sans lui faire mal.
C’est aussi dans les casernes militaires que la savate s’est développée, utilisée pour punir les soldats couards, avant d’être adoptée comme exercice officiel de conditionnement physique.
Quant à la canne de combat, elle trouve ses racines dans l’usage quotidien de la canne comme accessoire et arme d’autodéfense. Dès le XVe siècle, des nobles s’en servaient comme substitut à l’épée, souvent ornée, parfois même creuse et dangereuse.
Joseph Charlemont : le père fondateur de la boxe française moderne
C’est à Joseph Charlemont que l’on doit la codification de la boxe française. Dans son ouvrage L’art de la boxe française et de la canne, il défend une pratique hygiéniste et esthétique, axée sur le développement complet du corps : force, agilité, équilibre, rapidité, jugement.
Charlemont préfère l’assaut au combat : on touche l’adversaire sans chercher à le blesser. Il refuse aussi l’inspiration anglo-saxonne qu’il juge trop brutale pour la santé. Sa vision : un art de vivre fondé sur la discipline, la beauté du geste et la maîtrise de soi.
Une approche martiale élaborée et codifiée
La savate comporte huit coups principaux (poings et pieds), chacun dérivant d’une logique d’escrime à main nue. La parade y est centrale, tout comme la distance et le mouvement. La posture ne vise pas à encaisser mais à éviter ou parer.
La canne de combat, quant à elle, est plus simple à maîtriser. Elle compte également huit coups, adaptés à différentes zones du corps. Le style repose sur la puissance et la précision, tout en restant fluide et spectaculaire.
La culture de la chaussure comme arme
Contrairement à d’autres sports de combat, la savate considère la chaussure comme une arme à part entière. Selon le contexte (sport, défense personnelle), le choix de la chaussure change. Pour l’autodéfense, les chaussures rigides avec semelle dure sont recommandées.
Cette particularité ancre la savate dans les screams de jambes plus que dans la boxe classique.
Arts martiaux traditionnels vs sports de combat modernes
La différence majeure entre les arts martiaux français traditionnels et les sports de combat modernes réside dans la finalité :
- Le sport vise la compétition, la performance ou le loisir.
- La tradition vise la survie, l’équilibre personnel, la culture physique et la transmission d’une identité.
Les arts martiaux français s’appuient sur trois piliers :
- Culture physique : force, tonicité, réflexes.
- Maîtrise technique : apprentissage et application dans des contextes réalistes.
- Autodéfense : agir de façon juste, rapide et efficace.
Un panache français à réhabiliter
La boxe française et la canne de combat ne sont pas des curiosités folkloriques mais bien des arts martiaux complets, efficaces et nobles. Leur esthétique, leur logique de transmission, leur ancrage culturel méritent d’être redécouverts et valorisés.
Redonner vie à ces disciplines, c’est aussi raviver un pan oublié de l’identité française : celle du guerrier élégant, stratège, artiste du mouvement.
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La savate n’est pas une relique du passé. Elle incarne une vision unique du combat, entre performance physique, discipline mentale et identité culturelle. Dans une époque où le MMA fascine et où la défense personnelle revient sur le devant de la scène, il est temps de redonner à la boxe française et à la canne de combat la place qu’elles méritent : celle d’un art martial complet, européen, et authentique.