Addiction à la pornographie : l’enquête choc sur les Coomers et les Goners
Comment l’accès massif au contenu explicite transforme des milliers de personnes en adeptes de pratiques extrêmes méconnues

Il y a encore quelques décennies, se procurer un magazine érotique représentait une véritable épreuve : assumer son achat face à un buraliste, affronter le regard des autres clients et même jouer la comédie (“C’est pour un ami !”). Avec l’avènement d’Internet, tout un chacun peut désormais visionner des contenus explicites à volonté et en toute discrétion.
- Boom du streaming adulte : Les sites spécialisés rassemblent des millions de visiteurs à la minute. L’addiction à la pornographie est devenue un phénomène de société, touchant parfois des publics très jeunes.
- Tabou et honte : Paradoxalement, malgré son omniprésence, le thème reste encore tabou. Peu de gens osent avouer consommer massivement ce type de contenu, de peur d’être jugés.
Le piège de la dopamine
Chaque visionnage provoque une libération de dopamine, l’hormone du plaisir. De plus en plus d’études comparent ce phénomène à l’effet d’une drogue : le cerveau en redemande, aboutissant à des visions plus fréquentes et parfois extrêmes du contenu sexuel.
1. Les « Coomers » : symbole d’une dépendance assumée
Le terme « Coomer » découle de l’expression anglaise “cum” et décrit un individu qui se masturbe à outrance, passant une grande partie de son temps à parcourir des vidéos X ou des images explicites.
- Origine du mème : Popularisé sur les réseaux sociaux et notamment pendant le « No Nut November » (un défi consistant à éviter toute forme d’éjaculation pendant un mois), le « Coomer » est souvent tourné en dérision. On le représente comme un personnage asocial, ne vivant que pour son plaisir.
- Une dépendance réelle : Bien qu’il soit parfois caricatural, ce stéréotype reflète un problème tangible : certains consommateurs se retrouvent piégés par une habitude compulsive, perdant confiance en eux et se coupant du monde extérieur.
L’engrenage des communautés en ligne
Des forums et groupes dédiés au « Coomer lifestyle » encouragent, voire renforcent, la normalisation de cette dépendance. Sous couvert de second degré et de blagues salaces, ils peuvent pousser ceux qui sont déjà fragiles à s’enfoncer davantage dans une spirale addictive.
2. Les « Goners » : la quête du plaisir permanent
Alors que le « Coomer » cherche surtout l’orgasme rapide et répété, le « Goner » pratique ce qu’on appelle l’edging. Il s’agit de rester « au bord » (to edge, en anglais) de l’orgasme le plus longtemps possible.
- L’« entre du Goner » : Aussi nommée goon cave, cette pièce est pensée pour plonger l’individu dans un véritable bain de stimuli érotiques : écrans multiples, murs recouverts de posters, sons et images à rythme très rapide. Le but est de maintenir un état de transe, souvent décrit comme une « hypnose » permanente.
- Un hack de la dopamine : Les adeptes de cette pratique parlent de “gon state” ou “goning state”, un moment où le cerveau sécrète en continu un haut niveau de dopamine. À long terme, cela peut provoquer une forte accoutumance, et pousser à rechercher toujours plus de sensations extrêmes.
L’étrange fétichisation de la dépendance
Pour certains, l’addiction elle-même devient un fétiche. Se dire “perdu” ou “incontrôlable” décuple l’excitation. Des vidéos ou mèmes mettent en scène des propos humiliants, renforçant un sentiment d’assujettissement total à la pornographie.
3. Quand les communautés extrêmes franchissent la ligne rouge
Au-delà des pratiques d’edging ou de consommation intense, certaines communautés franchissent des caps beaucoup plus inquiétants :
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Contenu illégal et dérives
- L’escalade addictive peut conduire certains individus à rechercher des vidéos toujours plus violentes ou transgressives.
- Les échanges sur les forums peuvent dériver vers le grooming (manipulation de mineurs en ligne), une pratique extrêmement grave et condamnable.
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Le fétichisme de l’humiliation
- Certains adeptes cherchent activement à être insultés ou humiliés pour amplifier leur excitation. Ils s’affichent comme des « losers », des « obsédés » incapables de se contrôler.
- On retrouve parfois des role plays (ou jeux de rôle) très explicites et dérangeants, impliquant des scénarios fictifs violents ou incestueux.
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Substances et pornographie
- L’association de drogues (comme la métamphétamine ou la MDMA) avec la pornographie peut maintenir l’utilisateur dans un état d’euphorie pendant de longues heures (12h, 20h, voire plus).
- Ce “cocktail” entraîne une addiction croisée, renforçant la dépendance et les dommages sur la santé mentale et physique.
4. Les débats autour de la pornographie : interdiction ou responsabilisation ?
Les approches radicales
Certains mouvements féministes et conservateurs dénoncent la pornographie, estimant qu’elle exploite autant les actrices que les consommateurs, tout en alimentant des comportements misogynes ou violents.
- Position prohibitionniste : Interdire purement et simplement la pornographie pour protéger les plus vulnérables.
- Limites d’efficacité : Les interdictions totales risquent de renforcer la fascination pour le contenu interdit, sans enrayer la distribution souterraine de ce type de vidéos.
La voie de la déconstruction
D’autres voix mettent en avant l’importance de l’éducation et du dialogue, afin que chacun prenne conscience des risques.
- Éducation sexuelle positive : Inclure dans les programmes scolaires la question de la consommation de porno, ses risques et ses conséquences sur la vie relationnelle.
- Normalisation ou stigmatisation ? : Si certains médias tendent à banaliser le porno, d’autres estiment qu’il est indispensable de comprendre la différence entre un usage occasionnel et une réelle dépendance.
Coomers, Goners et les nouveaux défis de la surconsommation sexuelle
La découverte de ces communautés dédiées aux Coomers et aux Goners révèle à quel point la pornographie peut déborder du cadre purement érotique pour devenir un phénomène de société complexe et parfois inquiétant. Entre surstimulation constante, dérives extrêmes et fragilités psychologiques, la surconsommation de contenu sexuel génère de nouveaux défis : dépendance, isolement, perte de repères et, dans les cas les plus graves, dérives illégales.
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Si l’on ne peut nier la place de la pornographie dans le paysage culturel actuel, il est primordial de prendre conscience des dangers liés à son usage excessif. Que l’on se situe du côté de la prévention, de la ringardisation ou de la régulation, une chose est sûre : lutter contre ce fléau passe d’abord par l’information et la responsabilisation de chacun. Dans une société où tout devient accessible en un clic, la maîtrise de soi et la lucidité demeurent des clés essentielles pour éviter de sombrer dans la spirale infernale de l’addiction à la pornographie.