La Culture du Silence et de l’Endurance
Au Japon, communiquer sur son mal-être est particulièrement ardu. Dans une culture où tout le monde se donne corps et âme pour son travail, être en dépression ou succomber à la pression est perçu, au mieux, comme une faiblesse, au pire, comme de la paresse. Cette mentalité est profondément enracinée, à tel point que même des figures emblématiques comme Hayao Miyazaki ont fait l’éloge de l’abnégation totale pour réussir dans son domaine.
La Distinction Cruciale entre Mental et Psychique
Il est crucial de distinguer entre handicaps mentaux et handicaps psychiques. Les handicaps mentaux sont caractérisés par une déficience intellectuelle, tandis que les handicaps psychiques n’impliquent pas de déficience intellectuelle mais peuvent inclure des maladies comme la dépression, la paranoïa, la schizophrénie et la bipolarité. Au Japon, ces maladies sont souvent ignorées ou minimisées, forçant les individus à endurer en silence de peur d’être stigmatisés.
Une Histoire de Discrimination et d’Ostracisation
Historiquement, le Japon a une longue tradition de discrimination envers les personnes souffrant de troubles mentaux. Jusqu’au 18e siècle, des pratiques brutales comme le « Shikou » – l’enfermement des patients dans des cellules à domicile – étaient courantes. Même après des réformes, comme la loi de 1900 qui réglementait les hôpitaux psychiatriques, les malades mentaux étaient souvent considérés comme des âmes perdues, enfermés indéfiniment sans espoir de retour à la société.
Le Fléau Contemporain : Menhera
Un phénomène récent est l’émergence du terme « Menhera », un mot-valise combinant « mental » et « health » en anglais, utilisé à l’origine pour désigner ceux ayant besoin de soins mentaux. Cependant, ce terme est devenu une insulte, stigmatisant principalement les femmes présentant des troubles émotionnels ou comportementaux.
L’École et la Société : Un Cocktail Explosif
Les pressures scolaires et le harcèlement font des ravages parmi les jeunes japonais, avec des taux de dépression chez les étudiants atteignant des niveaux alarmants. Les filles sont particulièrement touchées, souvent contraintes de répondre à des attentes irréalistes tout en maintenant une façade de perfection. Cette pression continue à l’âge adulte, où les normes sociales strictes dictent des rôles de genre rigides et étouffants.
Le Tabou de la Santé Mentale
Au Japon, parler de sa santé mentale est encore largement tabou. Les conséquences sociales de l’aveu d’une faiblesse mentale peuvent être sévères, allant de l’ostracisation à l’exclusion complète de la communauté. Ce silence forcé conduit souvent à des crises émotionnelles intenses, manifestées par des comportements destructeurs et autodestructeurs.
Un Appel à l’Action
Il est impératif de briser le silence autour de la santé mentale au Japon. Des efforts doivent être faits pour sensibiliser le public, réduire la stigmatisation et fournir des soutiens appropriés à ceux qui souffrent. En encourageant la discussion ouverte et la compréhension, nous pouvons espérer un avenir où la santé mentale est prise au sérieux et traitée avec la compassion qu’elle mérite.
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Le Japon, malgré ses avancées technologiques et économiques, reste un pays où la santé mentale est souvent négligée. La pression sociale, le silence et la stigmatisation créent un environnement où les troubles mentaux peuvent prospérer sans être détectés. Pour ceux qui souffrent, il est essentiel de trouver des moyens d’exprimer leur mal-être et de rechercher l’aide nécessaire. Ce n’est qu’en abordant ouvertement ces questions que nous pourrons espérer voir une véritable amélioration de la santé mentale au Japon.