Le Sénégal met fin à l’accord de pêche avec l’Union européenne : Une décision historique et stratégique
Un tournant majeur pour la pêche au Sénégal et ses implications économiques

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ToggleContexte historique de l’accord de pêche Sénégal-Union européenne
Depuis 1979, le Sénégal a signé plusieurs accords de pêche avec l’Union européenne, permettant aux navires européens d’exploiter les ressources halieutiques sénégalaises. En 2014, cet accord a évolué en un partenariat plus structuré pour une durée de 5 ans, renouvelé en 2019. En contrepartie, l’Union européenne s’engageait à verser 1,7 million d’euros annuels au Sénégal. Cependant, ce partenariat prend fin en novembre 2024, une décision qui reflète des divergences profondes entre les deux parties.
Les raisons derrière la décision du Sénégal
1. Une contrepartie financière jugée insuffisante
Selon la ministre sénégalaise de la Pêche, Fatou Diouf, le Sénégal n’a reçu que 6,5 milliards de francs CFA sur les 10 milliards prévus entre 2019 et 2024. Cette somme est considérée comme dérisoire comparée aux 10 000 tonnes de thon et autres espèces marines pêchées annuellement par les navires européens.
2. Une volonté de préserver les ressources halieutiques
La pêche excessive et parfois illégale des navires européens a un impact direct sur les communautés locales, qui dépendent de la pêche artisanale pour leur subsistance. Le gouvernement sénégalais souhaite désormais donner la priorité à la protection de ses eaux et à la durabilité de ses ressources.
3. L’influence des activités illicites
L’Union européenne pointe du doigt le manque de contrôle du Sénégal face à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), souvent pratiquée par d’autres acteurs comme la Chine. Ces activités compromettent l’exclusivité des droits accordés aux Européens, aggravant les tensions.
L’impact de cette rupture pour les deux parties
Pour le Sénégal :
- Opportunités économiques locales : Cette décision pourrait renforcer la pêche artisanale et favoriser la création de chaînes de valeur locales.
- Défis financiers immédiats : L’arrêt de l’accord prive le Sénégal de la contribution annuelle de l’Union européenne.
Pour l’Union européenne :
- Pertes d’accès aux ressources halieutiques : Les 28 navires européens, principalement espagnols, français et portugais, devront quitter les eaux sénégalaises.
- Répercussions économiques : La diminution des quotas de pêche affectera directement les industries de transformation et d’exportation européennes.
Une divergence médiatique et politique
Chaque partie affirme avoir pris l’initiative de mettre fin à l’accord. Pour le Sénégal, c’est une rupture nécessaire face à un partenariat déséquilibré. De son côté, l’Union européenne évoque l’insuffisance des efforts sénégalais dans la lutte contre la pêche illicite pour justifier sa position.
Cette situation illustre un désaccord sur la perception des responsabilités : le Sénégal accuse l’Union européenne de surexploiter ses ressources, tandis que l’Union européenne reproche au Sénégal un manque de contrôle dans ses eaux territoriales.
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Conclusion : Une décision à double tranchant
La fin de l’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne est à la fois un geste de souveraineté économique et un pari risqué. Bien que cette rupture puisse favoriser le développement local et la préservation des ressources, elle expose également le Sénégal à des défis économiques immédiats. L’avenir dépendra de la capacité du pays à valoriser ses ressources halieutiques et à attirer des partenariats plus équitables.
