Les coulisses des conditions de travail chez Action : une enquête alarmante
Une infiltration en caméra cachée révèle la réalité du quotidien des salariés de l'enseigne discount.

Deux journalistes ont infiltré les magasins Action en se faisant embaucher en CDI au SMIC. Pendant deux semaines, ils ont filmé en caméra cachée et découvert des conditions de travail éprouvantes : cadences infernales, souffrance physique et non-respect des normes de sécurité. L’enquête dévoile une organisation du travail qui pourrait avoir des conséquences graves sur la santé des employés.
Une cadence imposée par un algorithme
L’une des premières découvertes des journalistes infiltrés est l’omniprésence d’un système de gestion du temps strict. Chaque employé est équipé d’une oreillette pour recevoir des ordres en temps réel et doit respecter des délais précis pour chaque tâche. Par exemple, le déchargement d’une charrette de produits doit être effectué en 45 minutes, un rythme jugé impossible à tenir, surtout lorsque des clients demandent de l’aide ou que l’on doit assurer un passage en caisse.
Une charge de travail épuisante
Le quotidien des employés est marqué par un manque chronique d’effectifs, les obligeant à compenser par un travail physique intense. Les tâches sont souvent réalisées dans la précipitation, au point que les colis sont jetés dans les allées pour accélérer la mise en rayon. Résultat : des employés souffrant de douleurs dorsales, de fatigue extrême et de blessures récurrentes.
L’enquête révèle également que même les plus jeunes et les plus sportifs ne sont pas épargnés. Certains travailleurs doivent répéter les mêmes gestes à longueur de journée, ce qui entraîne des risques accrus de troubles musculo-squelettiques.
Un manque de mesures de sécurité inquiétant
L’absence d’équipements adaptés est un problème majeur. Par exemple, les gants de protection ne sont pas toujours fournis, obligeant les employés à manipuler des objets lourds à mains nues. Le port de chaussures de sécurité n’est pas systématiquement imposé, et le recours aux transpalettes électriques reste limité, malgré les directives européennes sur la manutention mécanique.
Un inspecteur du travail interrogé par les journalistes rappelle que les entreprises ont une obligation légale de sécurité. Or, dans le cas d’Action, les conditions de travail peuvent directement impacter la santé des salariés. Un non-respect des normes qui pourrait coûter cher à l’enseigne, avec des amendes pouvant aller jusqu’à 10 000 euros par salarié concerné.
Une augmentation des maladies professionnelles
Un rapport interne de 2023, obtenu par les journalistes, révèle que Action est bien consciente des pathologies qui touchent ses employés. On y trouve une liste des maladies les plus courantes :
- Tendinites chroniques de l’épaule
- Syndrome du canal carpien
- Sciatiques dues à des hernies discales
Pire encore, le nombre de maladies professionnelles et d’accidents du travail ne cesse d’augmenter. Un indicateur clé de l’assurance maladie montre que le taux de cotisation pour les accidents du travail chez Action est passé de 2,37 à 3,60 en seulement deux ans, bien au-dessus de la moyenne du secteur.
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Conclusion : un modèle économique aux conséquences humaines
Cette enquête met en lumière un modèle économique basé sur la rentabilité au détriment des employés. Si Action affiche des prix bas pour ses clients, c’est aussi grâce à une gestion rigide du temps de travail et une réduction des coûts sur la sécurité des salariés. À long terme, ces conditions risquent d’engendrer une augmentation des maladies professionnelles et des accidents, avec des répercussions lourdes sur la santé des travailleurs.
L’enseigne prendra-t-elle des mesures pour améliorer la situation ? Une question qui mérite d’être posée.