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TikTok et le culte de la beauté : Comment l’appli te pousse à te sentir moche

Derrière les filtres et les trends, un piège psychologique aux conséquences réelles

À première vue, les challenges sur TikTok paraissent inoffensifs, voire amusants. On pense aux tests de symétrie du visage, au nombre de dents visibles quand on sourit, ou encore à la taille du front mesurée avec les doigts. Pourtant, ces tendances “beauté” plongent les utilisateurs dans une logique constante de comparaison et de vérification de soi, appelée body checking par les spécialistes.

Ce mécanisme répétitif s’installe insidieusement, jusqu’à devenir compulsif. Un simple passage devant une vitrine, un miroir ou un rétroviseur se transforme en moment d’auto-évaluation. Et les impacts sont bien réels : perte d’estime de soi, développement de troubles alimentaires, isolement

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Une avalanche de contenus impossibles à éviter

Ce qui rend TikTok particulièrement toxique, c’est son algorithme ultra-performant, conçu pour capter l’attention en continu. Contrairement à YouTube où l’utilisateur choisit ce qu’il regarde, TikTok choisit pour toi. Et si tu regardes une vidéo beauté une seule fois, l’algorithme en déduira que ce contenu t’intéresse… et t’en proposera des dizaines d’autres.

Ainsi, même sans rechercher ce type de contenu, on se retrouve noyé sous des vidéos vantant des physiques parfaits, des poses flatteuses ou des astuces esthétiques qui exacerbent les complexes. Résultat : même ceux qui ne se sentaient pas particulièrement moches finissent par douter.

Les filtres de beauté : une illusion dévastatrice

Parmi les tendances les plus problématiques figure le “Bold Glamour Filter”, un filtre si réaliste qu’il est pratiquement indétectable. Il transforme instantanément un visage ordinaire en idéal esthétique : peau lisse, traits affinés, yeux agrandis… Le tout avec un réalisme bluffant.

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Problème : ce filtre crée une version de soi inaccessible, même avec la chirurgie esthétique. Selon la psychologue Carline Majalani, “se comparer à une version idéalisée de soi-même est encore plus destructeur que de se comparer aux autres.” Ce mécanisme, combiné à l’utilisation de filtres automatiques activés par défaut sur l’appli, fausse complètement la perception de soi.

L’algorithme de beauté : la discrimination invisible

Moins connu mais tout aussi problématique, l’algorithme de beauté de TikTok favorise les vidéos d’utilisateurs considérés comme “beaux” selon des critères prédéfinis : visage symétrique, peau claire et sans imperfection, traits fins, etc. Cela signifie concrètement que certains visages ont plus de chances d’être mis en avant, indépendamment de la qualité du contenu.

L’exemple de Jalaiah Harmon, créatrice d’une danse virale ignorée jusqu’à ce qu’une autre fille, blanche et conforme aux standards de beauté, la reprenne, est tristement emblématique. Le succès sur TikTok semble ainsi étroitement lié à l’apparence, au détriment de la diversité et de l’expression authentique.

Un culte de la beauté omniprésent

Même en dehors des filtres ou des trends explicites, l’esthétique est partout sur la plateforme. De la promotion de facettes dentaires en Turquie aux “side profile check”, les vidéos qui attirent le plus d’engagement sont souvent celles qui mettent en avant des physiques valorisés par la société.

Et plus on est exposé à ces images, plus on les internalise. On commence à se comparer, à se trouver insuffisant, à vouloir ressembler à ces visages répétés inlassablement dans son feed. C’est un processus lent, mais redoutablement efficace.

La spirale psychologique : quand ton reflet devient ton ennemi

Le plus insidieux, c’est que TikTok ne pousse pas seulement à se comparer aux autres… mais à se comparer à soi-même, ou plutôt à une version idéalisée et artificielle de soi. Les jeunes, particulièrement vulnérables, s’effondrent devant leurs écrans, bouleversés par l’écart entre leur reflet réel et ce que l’application leur montre comme “belle version” d’eux-mêmes.

Cette dissonance cognitive engendre frustration, mal-être, voire dépression. Et l’illusion que tout le monde est beau sur TikTok n’arrange rien : en réalité, tout le monde est filtré, lissé, corrigé. Et le naturel devient l’exception.

Des jeunes piégés dans des standards irréels

À travers ses mécanismes et contenus, TikTok impose une normalisation de standards inatteignables. Ce n’est plus seulement un espace de création ou de divertissement, mais un véritable catalyseur de complexes physiques. Le cerveau, exposé en continu à ces critères, finit par considérer ces normes comme légitimes.

Le résultat ? Une génération ultra-consciente de son apparence, en quête permanente de validation, parfois au prix de sa santé mentale.

A lire: TikTok : Une Usine à Maladies Mentales ? La Face Cachée des Réseaux Sociaux

TikTok n’est pas intrinsèquement mauvais. Il peut être un espace de créativité, d’apprentissage et de partage. Mais ses mécanismes algorithmiques, ses filtres trompeurs et ses tendances centrées sur l’apparence en font un terrain miné pour l’estime de soi.

Il est urgent de reprendre le contrôle de notre consommation de contenu, de désactiver les filtres par défaut, de s’autoriser à apparaître “normal”, et surtout, d’enseigner aux plus jeunes que la beauté ne se résume pas à un visage symétrique ou à une mâchoire définie.

Car un enfant, un adolescent ou un adulte n’a pas à se sentir laid pour satisfaire un algorithme. La vraie beauté, celle qui dure, ne s’évalue pas avec un filtre.

Junelle Belvanie

Salut! Je suis Junelle Belvanie. Je partage à travers mes articles, des réflexions, des conseils et des idées sur des sujets variés. Rejoignez moi pour découvrir des contenus inspirants et enrichissants.

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